« Rimbaud l’indésirable », Xavier Coste, Casterman 2013 « Ce jeune poète n’a brillé qu’un moment. Il était dans sa destinée de disparaitre à vingt ans. » Anatole France Cette BD, entièrement consacrée à l’existence de Rimbaud se lit comme un biopic. L’album s’organise en deux temps à l’aune de la vie du poète, puisque le jeune rêveur génial qui croyait en la poésie et en en son talent cède la place à l’aventurier. Après Charleville, Paris, Bruxelles et Londres, viennent Bardey, Labatut, Ménélik, Alexandrie, Chypre, Aden, Harar…terre de désolation. Rimbaud n’est plus que ce « frangui » qui espère encore conquérir le monde et faire fortune.
Le récit s’ouvre en mode assez gore sur la nécessaire amputation du poète, un sombre jour de mai 1891, à l’hôpital de Conception de Marseille. Sous l’effet des gaz anesthésiants, le malade plonge dans ses souvenirs et la seconde planche entame une analepse. Nous découvrons le jeune Arthur en route pour Paris en 1870. Il est alors si plein d’audace que son voyage s’achève à la prison de Mazas. Il a déjà conscience de son génie, au grand désespoir de sa mère, Vitalie, à laquelle il rappelle son « salaud de père ». Où qu’il soit, il se sent finalement emprisonné. Du haut de ses 16 ans, il a un avis sur tout et peu de scrupules. Son ton se fait de plus en plus irrévérencieux, son désir d’une écriture flamboyante et iconoclaste aussi. Mettre le feu, dérégler les sens, « tout brûler », détruire l’ordre…même Le Louvre et « ses croutes », qui gâchent la vue.
« Mon destin je dois le construire! »
C’est le temps de Rimbe et Verlaine, le roulis du « Bateau ivre ». Le scénario inclut des textes, comme « Le sonnet du trou du cul », et des lettres. L’insolence de Rimbaud, son sens inné de la provocation, son côté potache parfois désespéré, quelquefois désespérant, traversent superbement l’album. Son iconoclastie est aussi au rendez vous et Xavier Coste nous plonge aisément dans cette ambiance fin de siècle où les artistes pullulent tout autant que les préjugés. La question des amours homosexuels et des nombreuses condamnations qui l’entourent tient toute sa place aussi. Sur un rythme trépidant, l’auteur nous narre les espoirs, les déceptions, le temps de la fuite, des tiraillements, des disputes, de l’ennui aussi et des grandes ruptures. Celle avec Verlaine d’abord, puis l’abandon de la poésie. L’homme aux semelles de vent qui s’est rêvé libre renie le pouvoir des mots et s’essaie à celui de l’action.
Le scénario, exaltant et bien documenté, tient toutes ses promesses. Le dessin aussi. L’aquarelle domine et rend hommage au sujet. L’exploitation de l’échelle des plans est intelligente, et le sens du détail de Coste est indéniable. J’aime la sensibilité de son trait. Le seul bémol reste souvent le choix des couleurs, souvent ternes, peu appropriées. Je ne suis pas particulièrement fan de la qualité du papier non plus même si elle contribue à cette plongée dans le passé…
Cette semaine, la BD c’est chez Stéphie, je vous invite à lui rendre une petite visite pour découvrir les autres liens.
Je suis une grande amoureuse de Rimbaud et ton article me rappelle que cette BD m’attend sur ma PAL… Il serait grand temps de la mettre sur le haut de la pile.
J’aimeJ’aime
J’ai beaucoup bossé sur Rimbaud pour l’agrège et beaucoup lu à son sujet . C’est un auteur dont je suis fan aussi, et j’ai vraiment retrouvé l’esprit de Rimbaud et de l’époque dans cet album. Tu ne devrais pas être déçue. Sauf pour les couleurs peut-être….
J’aimeJ’aime
Je fais un peu la fine bouche sur cet album. Je note la pertinence du propose mais je suis mesurée sur l’accueil que je pourrais réserver quant au graphisme. J’irais regarder mais je ne suis pas certaine d’embarquer pour la lecture 😉
J’aimeJ’aime
J’ai aimé le graphisme qui est assez recherché et poétique, le souci demeure les couleurs… des choix bien curieux.
J’aimeJ’aime
Je sens bien ton enthousiasme, mais le trait me laisse assez indifférent. A voir plus tard, peut-être
J’aimeJ’aime
J’aime tellement cet auteur, cette époque, et je pense être réceptive aux dessins, donc je note !
J’aimeJ’aime
J’ai aimé le dessin, le souci réside surtout dans les couleurs.
J’aimeJ’aime
Je passe mon tour pour cette BD.
J’aimeJ’aime
Comme Moka, cet album m’attend sur mes étagères depuis des temps presque immémoriaux… Il va falloir que je le sorte de là !
J’aimeJ’aime
eh oui, il vaut le détour!
J’aimeJ’aime
J’avais croisé l’auteur à St Malo, incroyable comme il est jeune ! Je trouve culotté de s’emparer d’un tel mythe que Rimbaud mais pour le coup, ça a l’air d’être une réussite !
J’aimeJ’aime
Oui c’est osé! Mais réussi: on retrouve vraiment l’esprit de Rimbaud.
J’aimeJ’aime
Je crois que je vais l’acheter, Hugo planche sur Rimbaud actuellement. Merci!
J’aimeJ’aime
Cela devrait vraiment lui plaire!
J’aimeJ’aime
Acheté! Il le lit 🙂 Ensuite ce sera mon tour. merci!
J’aimeJ’aime
Tu me diras s »il y a pris plaisir !!!!
J’aimeJ’aime
Alors, je l’ai dévoré avant Hugo, je trouve que c’est un très bon ouvrage en appui d’une étude d’un recueil notamment! merci pour ton conseil!
J’avoue que je connaissais mal son périple africain…
J’aimeJ’aime
Oui je pense que je vais en commander plusieurs exemplaires pour le CDI
J’aimeJ’aime
Rimbaud, toute mon adolescence ! Ton billet donne envie, j’irai faire un tour voir ce que ça donne. Merci de ton avis.
J’aimeJ’aime
J’arrive plus à savoir si je l’ai lu ou pas !
J’aimeJ’aime
j’adore Rimbaud … et je ne connaissais absolument pas cette BD ! Merci 🙂
J’aimeJ’aime