Littérature française

« Le théorème de Cupidon » d’Agnès Abécassis, Calmann-Lévy, 2011


Le-théorème-de-Cupidon-SITE« Le théorème de Cupidon » d’Agnès Abécassis, Calmann-Lévy, 2011

Voici une lecture que je me suis autorisée dans le cadre de l’opération « Le mardi c’est permis » lancée par Stéphie, du blog Mille et une frasques.
Le titre semble déjà un programme à lui tout seul…mais côté lecture croustillante, on repassera !
Ce roman a pour cadre le milieu du cinéma dans lequel Adélaide et Philéas exercent leurs talents respectifs. A priori, rien ne les prédispose à nouer une quelconque idylle, je dirais même que tout les oppose.
Adélaide Blanchemaison est une trentenaire (bientôt quarantenaire), mère célibataire, plutôt boulotte qui travaille dans le service des artistes en culottes courtes. Sa collègue Kelly, fille de son patron, toujours perchée « sur des talons de cascadeur » et « concentrée sur son nombril extra-plat », ne se prive pas de le lui faire remarquer en « bonne copine ». Dans le style « une amie qui vous veut bien », Kelly mérite en effet la palme d’or. Elle est aussi en lice pour le Nobel de la bêtise : « elle parle d’abord, elle réfléchit après ».
« Mais enfin, Adélaide, reprend-elle brusquement, il faut quand même que tu soignes un peu ton look. » « Tu devrais être un peu plus sexy ma cocotte. Porter, je ne sais pas, moi, des jupes, des robes, autre chose que des baskets, t’autoriser un peu de « glam », un peu « d’impertinence », un peu « de fantaisie » […] et ne pas te planquer derrière cette alternance de vêtements d’une autre époque que tu arbores à longueur d’année. »

Kelly n’a de cesse de voir sa collègue nantie d’un homme. Mais Adélaide aspire justement à vivre sans le moindre « mec », elle qui a eu du mal à sortir des griffes de « Mentidor », « son ex-petit ami qui considérait que la parole est d’argile et le bobard d’or ».

Philéas Prescott, d’origine irlandaise, est réalisateur (une histoire de famille…). Il est las d’attendre la reconnaissance du métier (il est pourtant l’auteur de « Fenêtre qui s’ouvre ? »). Il est fatigué d’affronter les caprices de divas d’actrices de sous-catégorie. Il a déjà bien à faire avec les caprices de Cybèle, son ex qui est aussi la mère de son fils Andy. Son rêve : rencontrer une femme belle et sympa. Mais voilà, il est plutôt du genre timide.
Vous l’aurez compris, les trajectoires respectives de ces deux-là, comme le souligne le montage alterné du récit, sont comme des droites parallèles condamnées à ne jamais se croiser. Mais bon, on ne nous la fait pas, on imagine bien qu’ils vont finir par se trouver !!!! Et pourtant, ne se seraient-ils pas déjà approchés au temps des premières boums et des voyages linguistiques ?
Ces deux là sont aussi entourés d’amis soucieux de leur bonheur. C’est ainsi qu’Adélaide se retrouve inscrite malgré elle à un speed-dating, un « Cinq à sept qui font deux » eu restaurant La Recette du bonheur. Je dois avouer que ce chapitre est désopilant . Je n’ai jamais pratiqué mais Agnès Abécassis me tente, le temps d’une enquête sociologique bien sûr !
« Ah, ne fais pas ta difficile, hein. Rappelle-moi à quand remonte ta dernière relation sexuelle ? Et ne me réponds pas le mois dernier. Avec un tampon, ça ne compte pas. »

Comme le lui explique Fabrice, son ami et le mari de sa cousine, prof de math :
« Pour le moment l’algorithme de ta vie sentimentale a pu te laisser croire que tes calculs étaient justes et que les hommes que tu avais rencontrés avaient tout faux. Mais c’est ici que se situe ton erreur. Alors, fais-moi plaisir, corrige tes certitudes erronées à grands coups de bâton de rouge. Et fais confiance au théorème de Cupidon qui dit que deux lignes parallèles ne se croisent jamais, sauf si elles sont faites l’une pour l’autre. »

Mais certains croisements relèvent de la collision ! Les trajectoires de Phileas et Adélaide n’ont pas cessé de se croiser depuis 20 ans, sans qu’ils le sachent. A croire qu’il fallait une drôle de rencontre dans un placard et deux inopportuns pour provoquer le destin.

On n’échappe guère aux clichés et à l’humour facile. Aussi rencontre-t-on un acteur nommé Robert de Nigaud, un autre, cascadeur, Jacques Hichane sans parler d’Allain Melon ou Defuneste. Il est aussi question de boum dans lesquelles on danse sur Hôtel California…Serait-ce que nous avons toutes connu cela ?!?!
Si on fouille un peu, on note l’hommage rendu au cinéma. Certaines scènes sont rapportées du point de vue respectif de nos protagonistes sur le mode du champ/ contrechamp et chaque titre de chapitre évoque un film(Ex : Adélaide rejoue Talons Aiguilles – c’est comme les Martine mais en plus glam ?!).
L’humour plus ou moins fin est omniprésent, certaines trouvailles sont même sympathiques, mais le langage hyper relâché finit par m’irriter.

2 réflexions au sujet de “« Le théorème de Cupidon » d’Agnès Abécassis, Calmann-Lévy, 2011”

  1. J’ai tenté une lecture d’Agnès Abécassis, je n’ai jamais pu en venir à bout… même l’été !
    Je ne suis pas étonnée de ce que tu en dis.
    Bises de Capp

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