BD

« Manhattan murmures », Giacomo Bavilacqua, Vent d’Ouest, 2017


Au menu BD de cette semaine un roman graphique pour le moins original et énigmatique signé deGiacomo Bevilacqua.
L’album s’ouvre un 15 novembre, sur la ville de New York. Cet incipit tout en images et en couleurs, puisque dénué de la moindre bulle, nous donne à voir cette mégalopole de l’extérieur, avec ses rues encombrées, son lot d’embouteilages et ses coups de klaxons.A cet extérieur se confronte rapidement un homme qui peine pour l’instant à se réveiller, et ce qui va tenir du récit introspectif. Sam vient en effet de renouer avec cette ville qui scande les grands moments de son existence.
Alors parlons-en de cette existence qui s’annonce pour le moins surprenante. Ses activités semblent réglées par les chiffres comme si elles se déroulaient au rythme d’un curieux tempo lancinant. Ce jeune homme aux allures autistiques apparait comme hors du temps, inapte à exister véritablement dans cet environnement en changement perpétuel. Muni de son appareil photo, et d’un mutisme indéfectible, il va de son taudis à différents points de la ville, comme à la poursuite d’une quête étonnante, celle de l’INDIFFERENCE.

Le lecteur s’interroge alors. Ces chiffres opèrent-ils comme autant de mantras, un moyen de conjurer dieu sait quel sortilège ? Pourquoi les anône-t-il ainsi lui qui détestait les maths? Cherche-t-il à contrer le hasard, source chez lui d’une profonde angoisse? Est-il devenu tout simplement barge ?
On serait enclin à opter pour cette dernière hypothèse tant ses rapports au temps et à la photographie sont particuliers, tant son défi de ne parler à aucun être humain fait de lui un être hors normes, un misanthrope moderne caractérisé par ses petites manies, toute une panoplie de bizarreries qui plombent sa vie.

« Son esprit était une sorte de chambre noire. Il lui suffisait de fermer les yeux pour imaginer le cliché qu’il venait de prendre. »

« plus d’une fois, je me suis retrouvé à réfléchir combien un simple coup de coude, à New York, pourrait influer sur les trajectoires de vie de chacun… »

Quel coup du sort l’a-t-il conduit là? De quels coups et blessures ce « voyage de récupération » est-il censé le guérir? Quel coup de coude parviendra-t-il à redonner du sens à sa trajectoire ? Seule la lecture de cette intrigue savamment orchestrée, qui se dévore aussi comme un très bel hommage à New York, pourra vous en fournir les réponses…
Outre un scénario intelligent mais complexe, le plaisir de cet album réside aussi dans la grande originalité du dessin et de la mise en planches et en cases qui s’affranchit des codes.

Lecture effectuée dans le cadre de , hébergée cette semaine chez Moka du blog Au milieu des livres.

42 réflexions au sujet de “« Manhattan murmures », Giacomo Bavilacqua, Vent d’Ouest, 2017”

  1. Très belles planches ! Et je suis intriguée par cette histoire qui a l’air effectivement complexe comme tu le dis, j’ai bien envie de me laisser emporter.

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  2. J’aime beaucoup les BD dans la ville, les BD muettes et les dessins semblent sympa. J’essayerais de le trouver. Et puis j’arrête de vous lire par-ce que ca devient le tonneau des danaïdes…

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